Relations franco-chinoises (1964-2014) 法中关系

— Le 27 janvier 1964, les gouvernements de la République française et de la République populaire de Chine ont décidé d’établir des relations diplomatiques. La France a été le premier grand pays occidental à reconnaître officiellement la République populaire de Chine.
1964年1月,法中两国签署《建交联合公报》,法国当之不愧地成为中国正式缔结外交关系的第一个西方大国。此举无疑震撼了当时美西方资本主义世界和苏联社会主义阵营。
Président Général Charles de Gaulle,Ministre Maurice Couve de Murville et Ambassadeur HUANG Zhen(le 6 juin 1964 à Paris)
图为1964年6月6日戴高乐总统接受黄镇大使递交国书后的合影,德姆维尔外长陪同。
— Pesant le poids « de l’évidence et de la raison » selon les mots du Général Charles de Gaulle, la France prend alors la décision cruciale de nommer à Pékin un ambassadeur de plein exercice. C’est le début d’une nouvelle phase historique et du développement d’une relation de coopération approfondie, couvrant tous les domaines.
一代伟人戴高乐将军是法兰西民族的伟大英雄和法兰西民族精神的杰出代表。戴高乐思想核心就是要维护法兰西的民族独立,争取法兰西民族的伟大、荣誉和复兴。1963年10月,戴高乐以个人名义派法国前总理富尔为特使,携带其亲笔信访华,商谈中法建交问题。毛泽东主席在上海接见了富尔。周恩来总理偕陈毅副总理兼外长同富尔进行了6次实质性会谈,最终在中法建交的原则问题上签署了有关文件,奠定了法中建交的坚实基础。法中建交是戴高乐的英明决定,开启了两个伟大民族各领域的交流与合作。图为1964年6月6日戴高乐总统接受国书后与新中国首任驻法国大使黄镇及法国外长顾夫·德姆维尔合影。
— L’établissement des relations diplomatiques en janvier 1964 est à l’origine de nombreuses rencontres et visites au plus haut niveau. Ont effectué une visite d’État des présidents depuis :
建交以来,法中高层往来络绎不绝:
Président Georges Pompidou et Président MAO Zedong (le 12 septembre 1973 à Beijing)
图为1973年9月12日蓬皮杜总统在北京会见毛泽东主席。蓬皮杜总统是第一位正式访华的法国和西方国家元首。
Premier ministre Jacques Chirac et Vice-Premier ministre Deng Xiaoping (le 12 mai 1975 à Paris)
图为1975 年5 月12 日希拉克总理在机场欢迎邓小平副总理。这是中国领导人首次正式访问西方国家。
Président Valéry Giscard d’Estaing et Premier Ministre HUA Guofeng (le 15 octobre 1979 à Paris)
图为1979年10月15日德斯坦总统致辞欢迎华国锋总理到访。
Président Valéry Giscard d’Estaing et Président de la CCPPC DENG Xiaoping (le 17 octobre 1980 à Beijing)
图为1980年10月17日德斯坦总统与中国全国政协主席邓小平亲切交谈。
Président François Mitterrand et Président de la CCPPC DENG Xiaoping (le 5 mai 1983 à Beijing)
图为1983年5月5日密特朗总统与邓小平主席在共进晚宴前的寒暄问候。
Président François Mitterrand et Premier Ministre ZHAO Ziyang (le 30 mai 1984 à Paris)
图为1984年5月30日密特朗总统与赵紫阳总理在爱丽舍宫会谈后的合影。
Premier Ministre Jacques Chirac et Sécrétaire général du Comité central PCC HU Yaobang (le 17 juin 1986 à Paris)
图为1986年6月17日希拉克总理以巴黎市市长的身份在巴黎市政厅宴请胡耀邦总书记。
Président François Mitterrand et Président LI Xiannian(le 9 novembre 1987 à Paris)
图为1987年11月9日密特朗总统和李先念主席在爱丽舍宫举行会谈。这是中国国家元首首次访问法国。
Président François Mitterrand et Président JIANG Zemin (le 9 septembre 1994 à Paris)
图为1994年9月9日密特朗总统在爱丽舍宫门前欢迎江泽民主席访问法国。
Président Jacques Chirac et Président JIANG Zemin (le 16 mai 1997 à Beijing)
De plus, les deux chefs d´état ont signé une Déclaration conjointe sur la création d´un partenariat global tourné vers le XXIe siècle.
图为1997年5月16日希拉克总统与江泽民主席签署《法中联合声明》,决定两国建立面向21世纪的全面伙伴关系。
Président Jacques Chirac et Président JIANG Zemin (le 23 octobre 1999 à Lyon)
图为1999年10月23日希拉克总统陪同江泽民主席参观里昂市高铁车站。
Président Jacques Chirac et Président JIANG Zemin (le 21 octobre 2000 à Yangzhou)
图为2000年10月21日希拉克总统在扬州会见江泽民主席。
Président Jacques Chirac et Président HU Jintao (le 1er juin 2003 à Evian)
图为2003年6月1日希拉克总统在东南部小城埃维昂出席南北领导人非正式对话会议前会见胡锦涛主席。
Président Jacques Chirac et Président HU Jintao (le 26 janvier 2004 à Paris)
Les deux présidents ont signé une Déclaration conjointe sur la création d´un partenariat stratégique global en 2004, ce qui est le marqueur du niveau exceptionnel atteint par cette relation en offrant un cadre d’ensemble à la relation bilatérale .
图为2004年1月26日希拉克总统在爱丽舍宫与胡锦涛主席亲切会谈。 两国元首签署联合声明,决定建立中法全面战略伙伴关系。法国是最早与中国建立全面战略伙伴关系的欧洲国家。
Président Jacques Chirac et Vice-Président ZENG Qinghong(le 8 octobre 2004 à Chengdu)
图为2004年10月8日希拉克总统抵达成都时受到曾庆红副主席热烈欢迎。
Président Jacques Chirac et Président HU Jintao (le 26 octobre 2006 à Beijing)
Les deux président ont signé une Déclaration conjointe dans laquelle ils expriment leur volonté de continuer à consolider leur partenariat global stratégique dans les domaines politique, économique, culturel, scientifique et technologique.
图为2006年10月26日希拉克总统与胡锦涛主席共同签署两国联合声明。
Président Nicolas Sarkozy et Président HU Jintao (le 26 novembre 2007 à Beijing)
图为2007年11月26日萨科齐总统与胡锦涛主席在人民大会堂握手合影。
Président Nicolas Sarkozy et Président HU Jintao (le 24 octobre 2008 à Beijing)
图为2008年10月24日萨科齐总统在北京出席第七届亚欧首脑会议,与胡锦涛主席亲切会见。
Président Nicolas Sarkozy,Président HU Jintao et leur épouse(le 30 avril 2010 à Shanghai)
2010年4月,法国总统萨科齐对中国进行国事访问,并出席上海世博会开幕式。
Président Nicolas Sarkozy et Président HU Jintao (le 4 novembre 2010 à Paris)
La France et la Chine ont décidé de donner une nouvelle impulsion à leur relation, pour bâtir un partenariat global stratégique de type nouveau, mature, stable, basé sur la confiance mutuelle et les bénéfices réciproques, et tourné vers le monde.
图为2010年11月4日萨科齐总统在巴黎奥利机场陪同胡锦涛主席检阅仪仗队。访问期间,法中两国发表《关于加强全面战略伙伴关系的联合声明》,提出建设互信互利、成熟稳定、面向全球的新型全面战略伙伴关系。
Président Nicolas Sarkozy,Vice-Premier Ministre WANG Qishan et Ministre Christine Lagarde (le 31 mars 2011 à Nanjing)
图为2011年3月31日萨科齐总统在南京召开的二十国集团国际货币体系高级别研讨会开幕式上与王岐山副总理席间交谈。
Président Nicolas Sarkozy et Président HU Jintao (le 25 août 2011 à Beijing)
图为2011年8月25日萨科齐总统在赴法国海外属地视察途中过境北京时在人民大会堂会见胡锦涛主席。
Président Nicolas Sarkozy et Président HU Jintao (le 2 novembre 2011 à Cannes)
图为2011年11月2日萨科齐总统在嘎纳迎接前来参加二十国领导人第六次峰会的胡锦涛主席。
Président François Hollande et Président XI Jinping (le 25 avril 2013 à Beijing)
C’est la première visite de François Hollande en Chine depuis son élection à la présidence de la République française et il est le premier chef d’État occidental à venir rencontrer le président chinois Xi Jinping après son entrée en fonction. Cette visite s’est réalisée à la veille du 50ème anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine, par conséquent, les dirigeants des deux pays y ont accordé une grande importance, la considérant comme une nouvelle opportunité d’approfondir leurs relations. Dans le communiqué de presse conjoint sino-français,les deux parties sont prêtes à promouvoir le développement des relations bilatérales à une hauteur stratégique et sur le long terme, dans un esprit de stabilité, de respect mutuel et de bénéfices réciproques.
图为2013年4月25日奥朗德总统在人民大会堂同习近平主席友好会见,双方发表了《中法联合新闻公报》,表示在继续推进面向未来的全面战略伙伴关系问题上达成了高度一致。中国新领导集体上任后,奥朗德总统成为第一个访华的西方大国领导人。
Président François Hollande et Président XI Jinping (le 26 mars 2014 à Paris)
C’est la première visite de M.le Président XI Jinping d’effectuer du 25 au 28 mars 2014 une visite d’Etat en France. À l’occasion de commémoration du 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques, les deux Chefs d’Etat ont réaffirmé leur profond attachement aux relations franco-chinois et leur volonté d’œuvrer ensemble pour ouvrir une nouvelle étape d’un partenariat global stratégique franco-chinois étroit et solide.
图为2014年3月6日奥朗德总统与习近平主席举行会谈后共同出席记者会。在法中建交50周年之际,习近平主席首次对法国进行为期四天的国事访问。奥朗德总统在荣军院广场为习近平主席举行了隆重欢迎仪式。两国元首一致决定站在新的历史起点上,开创紧密持久的中法全面战略伙伴关系新时代。
Annexe I
Déclaration conjointe de M. François HOLLANDE, président de la République de France et de M. XI Jinping, président de la République Populaire de Chine (Publiée le 25 avril 2013 à Beijing)
M. le Président XI Jinping – « C’est un grand plaisir pour moi de vous rencontrer ensemble avec le président, François HOLLANDE. Je voudrais exprimer mes souhaits de bienvenue aux journalistes français qui ont fait un long voyage pour venir en Chine.
Suite au séisme survenu à Lu-Chan, dans la province du Sichuan, le président François HOLLANDE a publié une déclaration pour exprimer la solidarité aux sinistrés. Aujourd’hui, il a exprimé une fois de plus les sentiments de sympathie et le soutien de la France. Je tiens à lui exprimer mes sincères remerciements au nom du Gouvernement et du peuple chinois.
Tout à l’heure, j’ai eu des échanges sincères, approfondis et amicaux avec le Président François HOLLANDE sur les relations sino-françaises et les grandes questions internationales d’intérêt commun. Nous avons publié un communiqué de presse conjoint sur la construction d’un monde de paix, de démocratie, de prospérité et de progrès. Nous avons également assisté à la signature d’une série de documents de coopération importants.
Le président François HOLLANDE et moi, sommes unanimes à estimer que les relations sino-françaises sont chargées d’histoire et ont devant elles un bel avenir. Les relations bilatérales dépassent déjà le cadre bilatéral et sont dotées d’une portée globale stratégique.
Nous avons décidé de renforcer notre coordination et concertation sur les affaires politiques et économiques internationales, ainsi que sur les questions d’actualité régionale. De travailler ensemble pour promouvoir l’avènement d’un monde multipolaire et la démocratisation des relations internationales. De faire évoluer l’ordre international dans un sens plus égalitaire et plus équilibré, de sorte à sauvegarder la paix et la stabilité dans le monde et à promouvoir le développement et la prospérité.
Nous avons décidé de continuer à considérer l’autre partie comme partenaire global stratégique ; de continuer à consolider et approfondir la confiance mutuelle politique de haut niveau ; de continuer à respecter, à comprendre et à soutenir les efforts déployés par l’autre parti pour sauvegarder la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale ; et de soutenir le choix indépendant de la voix de développement, de part et d’autre.
Nos deux pays vont renforcer leur dialogue stratégique, approfondir leur coopération dans les différents domaines et se soutenir mutuellement. Nous avons également décidé d’établir un dialogue économique et financier de haut niveau, afin d’accroitre notre dialogue et notre coopération dans les secteurs économiques et financiers, d’importance majeure.
Après ce point de presse, je vais assister, avec le Président François HOLLANDE, au Forum économique sino-français. Nous attachons de l’importance au rôle majeur de la coopération économique et commerciale dans nos relations bilatérales. Nous nous félicitons des résultats positifs obtenus dans les domaines traditionnels que sont l’énergie nucléaire et l’aéronautique.
Dans le même temps, nous estimons qu’il faut adopter une vision stratégique dans notre coopération, accroitre l’interpénétration et développer ensemble des marchés tiers. Nous avons décidé d’élargir notre coopération dans l’urbanisme, l’agriculture moderne et les nouvelles énergies, afin d’insuffler une impulsion intarissable aux relations bilatérales.
L’année prochaine marquera le 50ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France. Ce sera un évènement très important dans l’histoire des relations bilatérales. Nous avons décidé de démarrer, au plus tôt, les préparatifs et d’organiser des activités de célébration de haut niveau afin de resserrer les liens d’amitié entre nos deux peuples.
Nous estimons également que la Chine et la France doivent œuvrer ensemble pour préserver la diversité culturelle dans le monde.
Merci aux amis de la presse qui portent intérêt aux relations sino-françaises. Je vous souhaite bonne santé et tous les succès dans votre travail ».
M. le Président François HOLLANDE – « Mesdames et Messieurs de la presse, j’ai renouvelé le message de condoléance et de soutien du peuple français au peuple chinois, à la suite du terrible tremblement de terre. La solidarité de la France est totale et elle fera tout, s’il y a besoin d’apporter sa contribution, pour qu’il y ait le moins de souffrance possible pour les Chinois.
J’ai également remercié le président Xi JINPING pour l’accueil qui a été réservé à la France, je dis bien à la France. En me recevant comme premier chef d’Etat venant ici à Pékin, c’est un signe qui renvoie à l’amitié mais également qui confirme la confiance que la Chine fait à la France. L’amitié est liée à l’histoire et le président a rappelé combien, il y a 50 ans, la reconnaissance par le Général de GAULLE, au nom de toute la France, la reconnaissance de la Chine populaire, avait créé un lien irréversible entre nos deux pays.
Aujourd’hui, ma visite doit correspondre à une nouvelle étape du partenariat stratégique qui, je le rappelle, avait été conclu en 1997. Nous avons décidé, le président Xi JINPING et moi-même, de resserrer considérablement nos liens de concertation et de coordination pour aborder les enjeux internationaux.
Dialogue stratégique avec nos ministres des Affaires étrangères, dialogue économique et financier avec nos ministres de l’Economie et des Finances et dialogue personnel. Chaque année, nous pourrions nous rencontrer pour que la Chine et la France puissent se concerter sur les grandes interrogations du monde par rapport à sa gouvernance et les conflits qui existent ; par rapport aux menaces, la prolifération nucléaire, le terrorisme mais également le réchauffement climatique – afin de porter les mêmes positions.
La Chine et la France, en effet, portent les mêmes principes : l’indépendance, la souveraineté, le respect, l’équilibre. Ce sont des principes utiles pour le monde multipolaire que nous voulons promouvoir. Et c’est pourquoi nous n’avons pas eu de difficultés pour aborder les enjeux que sont l’Afrique, le Mali, la situation aussi en Iran, le risque de prolifération nucléaire, la Corée du Nord… Pour aborder ces sujets-là, les principes que nous venons d’évoquer et l’amitié entre la France et la Chine sont de puissants renforts.
Mais le partenariat doit être aussi économique. Et si nous nous réjouissons de voir constamment le volume de nos échanges augmenter, je constate – et le Président fait aussi la même observation – qu’il y a un déséquilibre et que nous avons 26 milliards de déficit commercial. Cela tient, pour une part, à nos propres responsabilités françaises. Nous devons donc – et c’est le sens de la présence de nombreux chefs d’entreprise qui m’accompagnent – être plus compétitifs, plus présents, plus ardents pour prendre les marchés que le dynamisme de l’économie chinoise nous permet de conquérir.
L’idée sur laquelle nous nous sommes retrouvés avec le Président chinois, selon une logique bien connue du gagnant-gagnant, est de rééquilibrer par le haut nos échanges économiques, en augmentant le volume de nos échanges et de nos investissements, non pas en les réduisant, ce qui serait la pire des attitudes.
Nous devons partir de ce qui a déjà été bâti depuis des années : le nucléaire et l’aéronautique. Les accords qui ont été signés en sont la démonstration. Sur le nucléaire, la coopération qui est maintenant menée va de l’amont, jusqu’à la sûreté nucléaire en passant par les réacteurs et le traitement des déchets. C’est une coopération globale sur le nucléaire que nous avons, ici, engagée. L’autre grande coopération porte sur l’aéronautique. Un accord a, là encore, été signé. Nous devons faire en sorte qu’il puisse y avoir un bon partage de la technologie et des conséquences de ces contrats sur l’emploi en Chine et en France.
Avec le Président chinois, nous avons également identifié plusieurs secteurs où nos entreprises, qui sont reconnues pour leur excellence, puissent répondre aux besoins des marchés chinois. C’est l’agroalimentaire, les énergies nouvelles, l’urbanisme, la santé et le numérique. C’est là-dessus que nous voulons donner un nouvel élan à notre partenariat.
Enfin, nous avons convenu que des investissements français pouvaient continuer à se faire en Chine – il y en a déjà de nombreux – et que la France était prête à accueillir des investissements chinois. Il n’y aura pas d’obstacles, dès lors que ces investissements créent de l’emploi, de l’activité et permettent à des entreprises d’être confortées. J’ai donc pris l’engagement que tout serait fait, aussi bien pour les capitaux financiers – à travers un fonds ou des fonds commun – que des capitaux pour l’investissement en termes physiques, c’est-à-dire d’entreprises et de créations d’emploi, pour que tout ce flux de capitaux, puisse venir en France le plus rapidement possible.
J’ai dit au Président chinois que la zone euro avait fait beaucoup d’efforts, ces derniers mois, pour assurer sa stabilité, son intégrité. La confiance est revenue mais pas la croissance. L’Europe a donc besoin de la Chine pour la croissance. Et la Chine a également besoin de l’Europe pour son propre développement. Nos avenirs sont liés. Il ne peut pas y avoir une Chine qui continue de se développer si l’Europe elle-même est dans la stagnation ou dans l’austérité. C’est pourquoi nos intérêts sont communs.
Nous avons donc défini un partenariat politique, économique mais également culturel. Nous avons convenu d’augmenter le nombre d’étudiants français en Chine et chinois en France ; de multiplier les échanges universitaires, la coopération scientifique ; de faire en sorte que les industries culturelles, notamment le cinéma français, puissent avoir une place plus importante en Chine et que nous puissions attribuer plus de visas pour cette mobilité indispensable.
Enfin, j’ai invité le Président Xi JINPING à venir en France. Nous aurons à préparer le 50ème anniversaire. Il y aura énormément d’événements. D’ici là, j’invite tous les touristes chinois à venir en France. Ils y seront accueillis en toute sécurité. Merci ».
Annexe II
Déclaration conjointe entre la République française et la République populaire de Chine et adoptée par le président François Hollande et le président XI Jinping (Publiée le 26 mars 2014 à Paris)
Pour une nouvelle étape du partenariat global stratégique franco-chinois étroit et solide
A l’invitation de M. François Hollande, Président de la République française, M. Xi Jinping, Président de la République populaire de Chine, a effectué du 25 au 28 mars 2014 une visite d’Etat en République française. En cette année de commémoration du cinquantième anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques, les deux Chefs d’Etat ont partagé le constat que cet acte pionnier avait inauguré une nouvelle ère entre les deux pays. Ils ont réaffirmé leur profond attachement aux relations franco-chinois et leur volonté d’œuvrer ensemble pour ouvrir une nouvelle étape d’un partenariat global stratégique franco-chinois étroit et solide.
I. La Chine et la France, puissances globales et membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies, sont déterminées à apporter une contribution active à la paix et à la sécurité internationales ainsi qu’au développement, conformément aux buts et principes de la Charte des Nations Unies. Elles rappellent leur attachement à la tenue régulière du dialogue stratégique. Dans cet esprit, les deux Chefs d’Etat formulent les propositions suivantes :
1. Promouvoir ensemble un monde multipolaire. S’attacher au multilatéralisme et définir les règles internationales à travers la concertation. Approfondir la concertation pour faire face ensemble au défis planétaires que sont le changement climatique, le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs.
2. Promouvoir le règlement pacifique des différends par le dialogue, travailler activement à la résolution des tensions régionales et internationales telles que le dossier nucléaire iranien, la dénucléarisation de la Péninsule coréenne, le Moyen-Orient, la situation en Afrique, dans le Sahel notamment, l’Afghanistan et l’Ukraine. Renforcer la concertation et la coopération sur les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et mettre l’accent sur le renforcement des capacités africaines de réponse aux crises.
3. Promouvoir ensemble une croissance forte, durable et équilibrée de l’économie mondiale, œuvrer pour un système commercial ouvert et fondé sur des règles, et s’opposer à toute forme de protectionnisme. Soutenir l’action du G20 en tant que forum principal de la coopération économique internationale et appuyer l’action menée par celui-ci pour construire une économie mondiale ouverte et développer des stratégies de croissance globales, ambitieuses et réalistes qui seront présentées lors du Sommet de Brisbane. La France espère que la Chine qui n’a jamais organisé de sommet de cette nature, accueillera très prochainement ce sommet du G20. Les deux parties soutiennent le renforcement des règles et des concertations multilatérales sur les questions commerciales, climatiques, énergétiques et de développement durable. Elles rappellent leur soutien à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement.
4. Promouvoir ensemble l’harmonie entre les cultures. Attacher un grand prix à la diversité et à la richesse des cultures et respecter les spécificités propres à chaque culture. Il convient de promouvoir le dialogue, et l’enrichissement mutuel entre les cultures en vue de partager les fruits des progrès de la civilisation.
5. Renforcer la concertation dans le domaine du changement climatique. S’efforcer d’obtenir lors de la Conférence Paris Climat 2015(COP21) l’adoption d’un protocole, un autre instrument juridique ou un texte convenu d’un commun accord ayant valeur juridique applicable à toutes les parties au titre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre et la hausse de la température globale conformément aux engagements pris lors de la Conférence de Cancun. A cette fin, les deux parties poursuivent leurs échanges sur la préparation du sommet organisé par le Secrétaire général des Nations Unies en septembre 2014 et développent leurs coopérations autour d’initiatives concrètes liées à la transition énergétique. Elles s’engagent conjointement à présenter leurs contributions respectives, conformément aux arrangements fixés à Varsovie.
II. Les deux Chefs d’Etat réaffirment leur volonté d’approfondir, de rééquilibrer, et d’élargir davantage la coopération bilatérale en matière économique dans le cadre du mécanisme du Dialogue économique et financier franco-chinois de haut niveau et selon les principes de bénéfice mutuel et de développement partagé.
Les Chefs d’Etat soulignent l’importance du développement des investissements porteurs, dans la durée, de croissance et d’emplois et la nécessité qu’ils bénéficient au sein du pays partenaire d’un environnement transparent et non-discriminatoire. Ils s’accordent pour renforcer leur coopération bilatérale dans le domaine de la propriété intellectuelle.
Les deux Chefs d’Etat saluent également les efforts des banques et des entreprises des deux pays visant à développer des opérations offshore en renminbi (RMB) à Paris ainsi que la coopération entre leurs autorités de régulation financière, pour faire de la Place de Paris un important lieu d’échange des investissements chinois dans la zone euro et des investissements européens en Chine. La France salue le quota de 80 milliards de yuan RMB qui lui a été accordé via le programme RQFII (Renminbi Qualified Foreign Institutional Investors). Les deux parties conviennent de poursuivre les discussions sur la mise en place d’accords de compensation et de règlement en RMB à Paris. Les deux parties s’engagent par ailleurs à renforcer leur dialogue et leurs échanges réguliers sur les évolutions significatives du secteur bancaire et financier, notamment des réformes réglementaires.
1. Encourager les acteurs industriels et institutionnels des deux pays à faire avancer dans le cadre agréé par les gouvernements, dans le strict respect des plus hauts standards de sécurité, de sûreté et de protection de l’environnement, la coopération sur l’ensemble du cycle nucléaire, y compris l’amélioration de la sûreté des centrales nucléaires en service et en construction, l’usine de traitement / recyclage des combustibles usés, la réalisation conjointe du projet d’Hinckley Point et de nouveaux projets électronucléaires au Royaume-Uni, l’exploitation minière d’uranium naturel à l’étranger, ainsi que la construction des tranches 1 et 2 de Taishan et d’autres partenariats en la matière à l’international sur le long terme.
2. Souligner le caractère mutuellement bénéfique de la coopération bilatérale dans le secteur de l’aviation civile et de l’industrie aéronautique et ses perspectives pour l’avenir. Se féliciter de la signature de l’accord renouvelant la coopération sur la chaîne d’assemblage d’A320 de Tianjin jusqu’en 2025. Œuvrer à élargir et à renforcer la coopération sur la chaîne d’assemblage d’A320 de Tianjin et à faire en tenant compte des évolutions du marché, de Tianjin le centre de production d’Airbus en Asie. Encourager le renforcement de la coopération industrielle déjà existante par le développement d’un avion bi-couloir, adapté au marché chinois, sur la base de l’A 330. Saluer la participation des industriels français au développement et à la fabrication de l’avion chinois C919, et se féliciter du développement de la coopération bilatérale dans le secteur des hélicoptères civils, des moteurs civils et de la gestion du trafic aérien. Se féliciter de la mise en place d’un partenariat dans le secteur aéroportuaire.
3. Poursuivre la coopération sur les projets « Chinese French Oceanic Satellite (CFOSat) » et « Space Variable Objects Monitor (SVOM) ».
4. Soutenir le développement de la coopération dans les nouveaux secteurs. Rappeler l’importance de la coopération bilatérale dans les domaines de l’innovation, du tourisme, des transports ferroviaires et urbains, de l’automobile, de l’énergie et du développement durable de la planification des villes et des infrastructures d’eau, des déchets et des transports. Renforcer la coopération bilatérale dans le domaine du développement urbain durable et veiller ensemble à bien organiser le projet pilote à Wuhan et à mettre en œuvre les projets d’éco-quartiers à Shenyang et à Chengdu. Approfondir la coopération dans les domaines du renforcement de l’efficacité énergétique, de l’agroalimentaire et de la santé.
III. Les deux Chefs d’Etat soulignent l’importance, en cette année particulière de la célébration du cinquantenaire des relations diplomatiques entre la Chine et la France, de continuer à promouvoir la compréhension et la connaissance mutuelle entre les peuples chinois et français. A cette fin, ils décident d’établir un mécanisme de dialogue sur les échanges humains de haut niveau et de promouvoir les échanges et la coopération dans les domaines comme l’éducation et la culture.
Intensifier davantage les échanges de jeunes scolaires et approfondir la coopération bilatérale dans les domaines de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Se féliciter du développement des partenariats entre établissements d’enseignement supérieur des deux pays. Renforcer la coopération bilatérale dans les domaines audiovisuel et du cinéma en encourageant les coproductions et en augmentant la diffusion des programmes audiovisuels et cinématographiques dans leurs pays réciproques.
Prendre de nouvelles mesures pour faciliter et accroître la mobilité entre les deux pays.
Renforcer la coopération en matière de lutte contre les trafics illicites, les fraudes et la criminalité organisée.
IV. Les deux Chefs d’Etat réaffirment l’importance d’approfondir davantage le partenariat stratégique sino-européen, se félicitent de l’élan donné par l’Agenda stratégique de coopération Chine-UE 2020 adopté lors du 16e Sommet Chine-UE et expriment leur volonté de continuer à promouvoir le renforcement de la coopération sino-européenne. Ils se félicitent également de la résolution du contentieux commercial sur les vins par le dialogue.
V. Les deux parties soulignent l’importance, pour le développement de chaque pays, de la promotion et de la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales conformément aux buts et principes de la Charte des Nations Unies. Les deux parties réaffirment l’importance de poursuivre le dialogue et les échanges entre l’Union européenne et la Chine sur les droits de l’homme sur la base de l’égalité et du respect mutuel.
Pour réaliser les objectifs susmentionnés, les deux parties ont élaboré un plan de développement des relations franco-chinoises à moyen et long terme annexé à la présente déclaration conjointe pour orienter leur coopération dans différents domaines.
Annexe III
1. Déclaration conjointe avec M. XI Jinping, président de la République populaire de Chine ( le 26 mars 2014 à Paris)
Le Président François HOLLANDE –– « Monsieur Le Président, Messieurs les ministres, je suis très heureux de vous accueillir ici à Paris pour cette visite d’Etat qui marque une étape importante de notre histoire, 50 ans après le rétablissement des relations diplomatiques entre nos deux pays et qui va ouvrir une nouvelle phase, comme la visite que j’avais moi-même effectuée en Chine, il y a maintenant près d’un an.
Nous avons voulu célébrer avec éclat le 50ème anniversaire de cet acte historique, celui qui avait été posé par le Général DE GAULLE et il y a eu pas moins de 300 manifestations en Chine et en France pour marquer l’importance de cet événement.
Et si nous devons être fidèle à ce passé qui nous unit, et qui remonte d’ailleurs à très loin, nous devons aussi donner un sens au partenariat stratégique que nous avons conclus en 1997.
D’abord un dialogue politique qui doit être au plus haut niveau et c’est la raison pour laquelle, non seulement le Premier ministre français est venu en Chine, mais je pense que Laurent FABIUS, le ministre des Affaires étrangères a du faire six fois le voyage et j’ai beaucoup de mal à le retenir en France tant il veut aller en Chine régulièrement.
Grâce à la qualité de cette relation avec vos propres ministres et collaborateurs, nous avons pu sur les sujets internationaux importants, que sont la question de la Syrie, de l’Iran, de l’Ukraine, du Moyen Orient, trouver des positions communes. Parce que la France et la Chine partagent les mêmes principes à l’échelle du monde.
Le premier principe, c’est l’indépendance, la souveraineté des Etats et le respect du droit international.
Le second principe, c’est l’intégrité territoriale et le refus de tout séparatisme.
Le troisième principe, c’est de servir la paix et donc d’intervenir par tous les moyens diplomatiques pour trouver les solutions aux crises.
Enfin, c’est de permettre la sécurité. Et j’ai été très sensible au soutien que la Chine nous a apporté, notamment pour nos politiques à l’égard du continent africain. Et en ce moment, sur la question de l’Ukraine, nous avons beaucoup apprécié la position de la Chine. Favoriser le dialogue et en même temps, être ferme sur les principes de l’intégrité territoriale.
Sur le plan bilatéral, nous avons aussi d’excellentes relations, même si nous avons un devoir pour ce qui nous concerne, c’est de rééquilibrer le commerce extérieur entre nos deux pays. Nous en avions parlé lors de ma visite d’Etat en Chine, et depuis un an, les résultats sont au rendez-vous. Sur le nucléaire civil, c’est une coopération ancienne, sur l’aéronautique, là où nous avons déjà multiplié les échanges, mais aussi sur de nouveaux domaines. L’agroalimentaire, et je sais que vous y avez veillé, mais aussi la « ville durable », et également sur toutes les questions des technologies. Et je sais que des contrats importants vont être signés à l’occasion de votre visite, notamment un qui est à la fois majeur sur le plan industriel et symbolique de ce que nous voulons faire, c’est l’accord entre Dongfeng et Peugeot.
Parce que notre ambition, ce n’était pas simplement de multiplie les échanges, c’est de multiplier les investissements. Nous n’avons pas que des ambitions économiques, nous avons aussi la volonté de multiplier les échanges entre nos deux pays. Faire qu’il y ait plus de Français qui parlent chinois, plus de Chinois qui parlent français, même si certain le parle déjà excellemment. Mais aussi avoir des échanges entre universités, laboratoires scientifiques, chercheurs, pour que nous puissions être ensemble sur les domaines essentiels. Notamment le spatial, la recherche scientifique, la santé.
Et puis, nous avons la volonté également de faire connaitre davantage à nos compatriotes respectifs la culture que nous pouvons nous-mêmes partager.
Il y aura de grandes expositions en Chine. Les impressionnistes notamment, y seront présentés mais aussi, ici, à Paris, des œuvres chinoises seront également exposées.
M. le Président, je pourrai parler des heures et des heures de ce que nous avons à faire ensemble. C’est pour cela que nous avons convenu de nous voir une fois par an au moins.
Je veux terminer par un sujet très important, c’est la Conférence sur le climat que la France va accueillir à la fin de l’année 2015. Je sais que la Chine est pleinement investie par rapport à cet objectif de lutter contre le réchauffement du climat. Nous souffrons de la pollution dans les villes. A Paris, il y a quelques jours nous avons même été obligé de réduire la circulation de l’automobile, tant l’air était devenu irrespirable pour des personnes fragiles. Je sais que vous avez le même problème dans vos grandes villes, c’est un devoir pour nous de faire en sorte de prendre les décisions indispensables.
Mais, ce que je voulais, Monsieur le Président, c’est que vous sentiez à travers votre voyage ici, votre visite, combien l’amitié entre la France et la Chine restait intense et ouvrait d’autres domaines de coopération que nos prédécesseurs ne pouvaient même pas imaginer. »
M. le Président XI Jinping – « Monsieur le Président, c’est un grand plaisir pour moi d’effectuer, sur votre invitation, une visite d’Etat dans votre beau pays, et c’est ce que nous avons promis lors de votre dernière visite en Chine.
Sur la route, nous avons eu des drapeaux nationaux de la Chine et de la France, aux Champs-Elysées, ce qui montre une bonne ambiance de l’amitié sino-française.
Tout à l’heure, la solennelle cérémonie d’accueil illustre également la haute importance que vous accordez aux relations sino-françaises.
En fait, à partir de Lyon, nous avons fait l’objet d’un accueil exceptionnel. Le ministre FABIUS, Son Excellence, Madame l’Ambassadeur sont allés m’accueillir et hier soir, nous avons assisté à un dîner à l’Hôtel de ville de Lyon et j’ai même goûté des gastronomies, des spécialités françaises. Et ce matin, j’ai visité l’Institut franco-chinois BioMerieux et j’ai été très impressionné par toutes ces activités intéressantes.
Je suis sûr que ma présente visite, tout comme la dernière visite que vous avez effectuée en Chine, permettra de faire avancer nos relations bilatérales et cela sera une visite hautement symbolique. Et je crois que vous avez déjà dit tous les mots que je voudrais dire sur notre coopération bilatérale.
L’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, il y a 50 ans, est un geste pionnier. Et 50 ans après, nous avons à faire un bilan de notre relation bilatérale et pour ouvrir l’avenir dans les années à venir.
Je suis d’accord avec vous pour dire qu’à l’avenir, nous avons à renforcer notre confiance mutuelle politique, approfondir notre coopération pragmatique dans tous les domaines, resserrer les liens entre nos deux peuples, en accroissant les échanges humains et culturels et intensifier notre coordination et concertation sur les affaires internationales et régionales. Nous devons rehausser nos relations bilatérales en lui donnant une nouvelle définition.
La Chine soutien la France dans l’organisation sur tous les plans de la Conférence climat en 2015. Et j’espère que grâce aux efforts conjugués de part et d’autre, nous allons faire aboutir de cette conférence, des résultats positifs.
En ce qui concerne notre coopération économique et commerciale, je crois que nous avons besoin des projets phares pour promouvoir les investissements croisés, pour enregistrer de nouvelles avancées. Par exemple, le projet entre Peugeot-Citroën et Dongfeng, que vous avez évoqué, mais aussi le développement d’Airbus en Chine pour faire de Tianjin, un centre Airbus en Asie.
Et je crois que lors de notre entretien et lors du grand rassemblement de commémoration demain, nous allons dégager d’importants consensus pour planifier l’avenir de notre coopération mutuellement avantageuse.
2. Déclaration conjointe du président de la République et du président de la République populaire de Chine
( le 26 mars 2014 à Paris)
Le Président François HOLLANDE –– Mesdames, Messieurs, une fois encore je renouvelle mes remerciements pour la visite que le président XI Jinping nous réserve aujourd’hui à Paris. Parce que c’est son premier déplacement en Europe et il a bien voulu que tout commence par la France ! Nous y sommes sensibles, d’abord parce que c’est une marque de confiance à l’égard de notre pays. C’est aussi le rappel de l’Histoire. Il y a 50 ans, en effet, que la France a été la première à reconnaître la République populaire de Chine. Cette visite du président XI Jinping vient un an après celle que j’ai faite en Chine à son invitation.
Depuis un an, les objectifs que nous nous étions fixés ont été en large partie atteints. Nous avions voulu relancer le dialogue politique entre nos deux pays qui, je le rappelle, s’inscrit dans un partenariat stratégique établi en 1997. Mais il nous avait semblé qu’un nouvel élan devait lui être donné. Les conditions politiques avaient changé, les personnes à la tête des deux pays avaient également changé et nous avions besoin de donner un nouveau cadre à ce partenariat stratégique.
C’est ce que nous avons fait, notamment à travers les rencontres que nous avons voulues annuelles, entre le Président chinois et le Président français ; à travers la visite qu’a rendue le Premier ministre Jean-Marc AYRAULT en Chine ; et à travers les nombreux déplacements des ministres français, à commencer par Laurent FABIUS qui est allé six fois en Chine. J’ai voulu que chaque ministre du gouvernement se sente impliqué et puisse avoir des échanges avec les homologues chinois.
Nous avons également mis en place deux mécanismes nouveaux. Le premier, sur les questions économiques et financières. La première session s’est déroulée en novembre en Chine. Nous aurons également une nouvelle session en 2014 en France. Enfin, le dernier aspect de ce dialogue, c’est un mécanisme de relation sur les échanges humains, scientifiques, universitaires, culturels… Nous avons décidé aujourd’hui même, le président XI Jinping et moi-même, de son établissement.
Nous avons un dialogue politique qui n’est pas simplement bilatéral parce que la Chine et la France siègent au Conseil de sécurité comme membre permanent, parce que la France et la Chine sont deux puissances de paix, parce que la Chine et la France ont des principes communs pour la vie internationale, une conception du monde équilibrée respectueuse des souverainetés de chacun.
Alors nous agissons, et nous agissons ensemble, pour la résolution des crises régionales, que ce soit au Moyen-Orient – avec la Syrie notamment ou l’Iran avec le risque de prolifération – et même récemment sur l’Ukraine où la Chine a pris une position qui démontre sa conception de la vie internationale, fondée sur la stabilité, l’intégrité des frontières et des Etats. Je sais aussi que la Chine agit pour la stabilité financière et notamment en Ukraine.
Nous avons voulu que le 21ème siècle ne soit pas celui des annexions et des séparatismes. Chacun doit ici le comprendre. Nous avons voulu faire porter nos discussions sur trois dossiers principaux. Le premier, c’est la non-prolifération des armes de destruction massive. La France et la Chine sont deux puissances nucléaires. Mais elles sont conscientes de leur responsabilité. Elles ne veulent pas qu’il y ait des pays qui accèdent à l’arme nucléaire et qui puissent mettre en danger la paix du monde. C’est vrai pour la Corée du Nord, c’est vrai pour l’Iran.
Le second dossier, c’est celui de la sécurité et du développement en Afrique. Je remercie le Président chinois pour le soutien qu’il a apporté à la mission de la France au Mali et également pour sa présence même dans ce pays. De la même manière, j’ai été sensible au message d’encouragement lors de la crise humanitaire en Centrafrique. La Chine est présente en Afrique, elle y investit. Elle contribue au développement. Je souhaite que la France et l’Afrique puissent agir ensemble, parce que l’Afrique c’est un continent d’avenir. Nous devons lutter contre le terrorisme, mais nous devons aussi nous mobiliser pour le développement et la croissance du continent africain.
Enfin, il y a un troisième dossier que nous partageons, c’est celui de la lutte contre le réchauffement climatique. La Chine sera plus qu’un partenaire, elle sera un acteur essentiel pour la réussite de la Conférence sur le climat que la France va accueillir à la fin de l’année 2015. Certes, la Chine a une responsabilité. Elle est le premier consommateur d’énergie au monde. Mais le Président chinois a surtout fait de la lutte contre les pollutions une priorité de sa stratégie de réforme. Nous savons que la préservation de l’environnement est également un levier de croissance, et que la transition que nous avons à accomplir peut être également un moyen de faire coopérer nos entreprises. Nous en avons donné la preuve, ici même, en signant un certain nombre d’accords notamment sur les transports et la ville durable.
Enfin, nos deux pays sont engagés dans une même régulation de l’économie de la planète. Certes, la Chine connait une croissance impressionnante et qui ne ralentit pas. Elle a donc la volonté d’associer d’autres parties du monde à ce développement. De la même manière, la France a des technologies et des capacités industrielles. Elle a aussi de l’avance dans un certain nombre de domaines et nous sommes prêts à les partager. Mais nous avons aussi, dans le cadre du G20, à assurer nos propres responsabilités. La Chine veut y jouer un rôle accru et elle peut apporter une contribution essentielle à la gouvernance mondiale. C’est pourquoi la France souhaite que la Chine puisse organiser très prochainement un sommet du G20.
Nous avons aussi évoqué nos relations bilatérales sur le plan économique et commercial. Nous sommes conscients qu’il y a une situation qui doit être corrigée. C’est celle du déficit commercial entre la France et la Chine. Nous en avions parlé il y a un an. Nous avons la volonté de rééquilibrer le commerce extérieur entre la France et la Chine vers le haut ; en aucune façon de réduire les importations françaises et freiner les exportations chinoises. Ce que nous avons à faire, c’est élever encore notre présence en Chine et nourrir un courant d’exportation de la France vers la Chine.
Nous avons deux domaines sur lesquels nous avons traditionnellement une excellente coopération – et vous en avez eu une nouvelle fois la preuve – c’est le nucléaire civil et l’aéronautique. Là-dessus, nous avons conclu des accords très importants pour asseoir notre partenariat sur toute la filière du nucléaire civil, de l’amont vers l’aval du cycle, y compris le traitement des combustibles usagers.
Dans l’aéronautique, ce n’est pas simplement par rapport au nombre d’avions, même si c’est très important que la Chine nous achète. Là aussi, un contrat très significatif a été conclu. C’est là aussi une conception du partenariat industriel – puisque nous avons négocié un accord sur la chaine d’assemblage d’AIRBUS de Tianjin – qui va permettre de développer un avion régional et de mettre en œuvre de nouvelles technologies pour la gestion du trafic aérien. Là encore, c’est un accord global. Je remercie le Président chinois pour la confiance qu’il a de nouveau témoigné à l’égard d’AIRBUS, mais aussi des hélicoptères, puisque un contrat très important a été signé.
Mais au-delà de ces deux domaines – le nucléaire civil et l’aéronautique – il y a de nouveaux marchés qui s’ouvrent dont l’agroalimentaire. Il y a eu notamment sur la charcuterie, sur le lait, sur la confiserie et sur le vin, grâce à une bonne intelligence entre nous, la levée des obstacles pour l’accès au marché chinois. Nous avons donc sur le plan agroalimentaire une pleine confiance entre nos deux pays.
Il y a aussi le développement urbain, la ville durable, la santé…, où il existe, depuis plusieurs années une coopération entre entreprises sur les nouvelles technologies à utiliser en cette matière. Nos exportations vers la Chine ont augmenté de 7 % en 2013, c’est donc la preuve déjà que le processus est engagé.
Mais je veux insister sur un grand projet présenté à travers cette cérémonie de signature et qui illustre ce que peut être le partenariat franco-chinois à l’avenir. Là, il ne s’agit plus de vendre simplement, il s’agit d’investir ensemble, de nouer un partenariat entre des entreprises qui sont, dans leur domaine, excellentes. C’est ce qui s’est conclu pour l’automobile à travers l’accord entre DONGFENG, PEUGEOT et l’Etat français. Il va nous permettre d’avoir un constructeur à taille mondiale pour être présent sur tous les marchés grâce à cette coopération excellente entre la France et la Chine. Ce partenariat peut être proposé dans d’autres domaines, notamment tout ce qui est l’environnement et aussi la santé.
Enfin, pour développer l’innovation entre nos pays, pour multiplier les investissements, français en Chine, chinois en France, nous avons mis en place des fonds franco-chinois d’investissement communs. Parce que je souhaite qu’il y ait davantage d’investissements chinois en France. Au total, ce sont 50 accords qui ont été signés aujourd’hui, représentant une valeur de 18 milliards d’euros.
Au moment où notre économie repart, au moment où nous luttons contre le chômage, au moment où nous devons améliorer notre compétitivité, au moment où je lance le pacte de responsabilité, c’est très important que nous démontrions la valeur de nos entreprises et la capacité qu’a la France de pouvoir, avec la Chine, avoir un partenariat à ce niveau. Dix-huit milliards d’euros de contrats, c’est de l’emploi, de la croissance et surtout des perspectives d’ampleur pour les années qui viennent.
Je veux terminer sur la troisième priorité de notre partenariat stratégique : le dialogue, acte essentiel de l’économie, et les échanges humains. Il y a 35 000 jeunes Chinois qui viennent étudier en France. Nous pouvons en accueillir encore davantage. Il y a 8 000 Français qui étudient en Chine et nous pouvons, si la Chine le veut bien, en envoyer davantage. Nous voulons aussi qu’il y ait un meilleur apprentissage du chinois en France et du français en Chine. Nous voulons surtout qu’il y ait une plus grande facilité dans les échanges.
C’est pourquoi j’ai pris la décision – et le ministre des Affaires étrangères a veillé à ce que cela puisse se faire dans un délai très court – d’avoir une procédure de visa délivrable en 48 heures, pour que nous puissions accueillir plus de touristes chinois. Nous en avons accueilli 1,3 million en 2013. C’est très peu par rapport à 1,3 milliard de Chinois ! Vous voyez la marge de progression qu’il nous reste encore à accomplir ! Nous devons donc nous préparer à faire que le touriste chinois puisse être accueilli dans les meilleures conditions de sécurité et de confort et qu’il ne puisse pas attendre la délivrance d’un visa pour venir visiter la France.
Sur le plan culturel, il y aura des décisions communes d’organiser des expositions, ici en France, notamment pour révéler ce qu’a été la production sous la dynastie des HAN à Paris. La Chine aura des expositions de peintres français et notamment des impressionnistes. Mais au-delà de ce que la culture peut porter, de ce que la langue peut offrir, il y a la coopération technologique, celle de la recherche, notamment dans le domaine spatial. Là aussi, la France et la Chine ont conclu un accord très important.
Je pourrais continuer tant ce que nous avons engagé, il y a un an, et que nous poursuivons et amplifions aujourd’hui, est prometteur. Ceci veut dire que cinquante ans après, la reconnaissance de la Chine populaire, aujourd’hui c’est la reconnaissance de ce que notre amitié peut produire pour nos économies respectives, pour nos cultures, pour nos visions du monde. Plus que jamais l’amitié franco chinoise est utile à nos deux pays et surtout précieuse pour le monde entier. Merci.
M. le Président XI Jinping – Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les journalistes, Mesdames et Messieurs, bonjour. C’est un grand plaisir pour moi de vous rencontrer à Paris aux côtés du président HOLLANDE. Cette année marque le 50ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques sino-françaises. En avril dernier, le président HOLLANDE a effectué une visite très réussie en Chine. Il m’a adressé une aimable invitation pour effectuer une visite en France en 2014 pour célébrer ensemble, solennellement, cet événement historique pour les relations bilatérales entre la Chine et la France. Ce que j’ai accepté avec grand plaisir ! C’est ainsi que je viens dans cette belle ville de Paris, en cette agréable saison du printemps.
Je viens d’avoir avec le président HOLLANDE un entretien sincère, amical et fructueux. Nous avons échangé de manière approfondie nos vues sur la relation sino-française et les grands dossiers internationaux et régionaux d’intérêt commun. Nous sommes parvenus à de larges consensus. Ensemble, nous avons fait le bilan des cinquante ans des relations diplomatiques sino-françaises. Tous les deux, nous estimons que la poignée de mains historique entre la Chine et la France – surmontant bien des obstacles, il y a cinquante ans – a profondément marqué l’histoire des relations internationales et l’histoire des échanges entre l’Orient et l’Occident.
Cinquante ans après, l’esprit incarné par cet événement historique – esprit d’indépendance, du respect de la confiance mutuelle, de la clairvoyance et du gagnant/gagnant – revêt toujours une grande signification. Nous avons à coopérer, main dans la main, pour ouvrir une nouvelle époque d’un partenariat global sino-français étroit, durable et continu, pour jouer un rôle pionnier dans le développement de la relation sino-européenne et le développement des relations entre la Chine et les pays occidentaux.
Ensemble, nous avons identifié les orientations, les priorités du développement de la relation sino-française et décidé d’en faire une priorité de la diplomatie chinoise et française. Nous avons décidé également de travailler au raffermissement de la conscience stratégique mutuelle ; de nous témoigner mutuellement respect quant aux intérêts vitaux et préoccupations majeures de part et d’autre ; et de nous soutenir dans le développement national de chacun de nos deux pays.
Nous avons décidé d’établir, tout en valorisant le rôle du dialogue stratégique et du dialogue économique et financier de haut niveau, un mécanisme d’échanges humains de haut niveau entre la Chine et la France. Nous partageons la vue que la réforme structurelle, engagée en Chine comme en France, offre de nouvelles opportunités à la coopération sino-française.
Au cours de ma visite, des dizaines d’accords et de contrats sont conclus entre les deux parties, dans les domaines aussi variés que le nucléaire civil, l’aéronautique, l’automobile, l’énergie, la finance, l’agriculture, le développement durable, l’éducation, les sciences, les technologies, la culture, les échanges humains… Tout à l’heure, j’ai assisté avec le Président HOLLANDE à la signature des textes les plus représentatifs qui incarnent déjà la grande dynamique et la vitalité de la coopération pragmatique sino-française.
Avec le Président HOLLANDE, nous avons décidé de valoriser la complémentarité et le potentiel de nos deux économies, d’accroître nos actions conjointes dans la recherche et développement, l’investissement, la production et l’exploitation des marchés internationaux, pour donner ainsi de nouvelles impulsions à la coopération dans les secteurs traditionnels comme le nucléaire civil et l’aéronautique. La Chine et la France partagent la volonté de monter une coopération tous azimuts dans les nouveaux domaines, comme les nouvelles énergies, l’agriculture et l’agroalimentaire, le développement durable et la santé… Elles vont prendre des mesures pour encourager l’investissement mutuel.
Nous avons souligné que l’affinité culturelle est un atout particulier de la relation sino-française. Il nous faut nous inscrire dans cet héritage, dans cette inspiration mutuelle sur le plan culturel et assurer le bon déroulement des plus de 300 célébrations du cinquantenaire des relations diplomatiques sino-françaises. Il nous faut également accroître les échanges entre les jeunes, approfondir la coopération sur l’enseignement linguistique et multiplier les échanges humains entre les deux pays.
La Chine et la France sont deux pays d’influence mondiale. Nous avons décidé de renforcer la coopération substantielle entre les deux pays dans les affaires internationales et de proposer de nouvelles idées et solutions en vue d’instaurer un ordre politique international plus juste et équitable et un système de gouvernance de l’économie mondiale basé sur le bénéfice mutuel gagnant/gagnant. Les deux pays vont également renforcer leur coopération dans la lutte contre le changement climatique. La Chine soutient les efforts de la France dans l’organisation de la Conférence climat 2015.
Ma présente visite d’Etat en France m’a permis de raffermir ma foi dans l’avenir du partenariat global stratégique sino-français et dans l’amitié entre la Chine et la France. Je vous remercie.
3. Discours à l’occasion du dîner d’État avec M. XI Jinping, président de la République populaire de Chine
( le 26 mars 2014 à Paris)
Le Président François HOLLANDE –– Monsieur le Président, Madame, A travers vous, c’est la Chine que la France accueille, aujourd’hui, en ami. Un pays riche d’un milliard trois cent millions d’habitants, un pays héritier d’une grande civilisation, un pays qui a toujours ébloui la France par ses arts, un pays devenu la deuxième puissance économique du monde, avec des réformes qui ont été engagées continument depuis 30 ans.
Ici même, il y a 50 ans, le Général de GAULLE reconnaissait la République populaire de Chine. Il avait eu ces mots : « la Chine, c’est un Etat plus ancien que l’Histoire ». Ce qui signifiait que la Chine devait être reconnue pour elle-même, au-delà de son régime, au-delà des contradictions d’un moment. Reconnaitre la Chine, c’était surmonter l’affrontement des blocs, c’était préférer le dialogue à la confrontation. Reconnaitre la Chine, c’était surtout faire le choix de l’avenir.
Monsieur le Président, En souvenir de ce grand évènement, vous avez décidé de venir en France pour votre première visite d’Etat en Europe. A votre tour, c’est vous qui avez choisi la France. Et nous y sommes sensibles. Votre séjour s’inscrit dans la célébration du 50ème anniversaire de la reconnaissance, par la France, de la Chine populaire et de l’établissement de nos relations diplomatiques. Plus de 300 manifestations ont eu lieu pour célébrer ce moment et cet acte, aussi bien en Chine qu’en France – des manifestations économiques, universitaires, scientifiques et le plus souvent culturelles.
Je remercie tous les partenaires, tous les mécènes pour leur contribution à ces festivités. Ils sont présents, ici ce soir, à ce dîner d’Etat. Je salue tout particulièrement Alain MERIEUX qui avait pris cette initiative.
Monsieur le Président, Hier, vous étiez à Lyon. Les liens de cette ville avec la Chine sont anciens, tissés – si je puis dire – par le commerce de la soie et prolongés au XXème siècle par la présence d’illustres étudiants qui sont devenus, des décennies plus tard, les dirigeants de la Chine. Je pense à DENG Xiaoping, ZHOU Enlai et au Marechal CHEN Yi.
Demain, Monsieur le Président, vous serez à l’Arc de Triomphe, pour rendre hommage au Soldat inconnu. La France n’oublie pas les 140 000 travailleurs chinois, venus soutenir notre effort national pendant la Grande guerre. 3 000 ont d’ailleurs décidé, au lendemain de ce terrible conflit, de s’installer dans notre pays. Ici, j’ai une pensée pour toute la communauté chinoise qui vit en France.
Demain, vous irez à l’UNESCO, pour marquer votre attachement qui est aussi le nôtre, à la diversité culturelle, à la pluralité du monde et à ce que nous devons faire pour préserver l’héritage de nos civilisations.
Demain enfin, nous serons à Versailles. C’est en effet à Versailles que Louis XIV avait décidé d’envoyer des missionnaires – en fait des scientifiques, ce qui n’est pas incompatible – auprès de l’Empereur KANGXI. La confiance que les Chinois ont accordée aux Français de l’époque s’est prolongée, aujourd’hui encore, à travers une coopération universitaire et scientifique exceptionnelle.
Nous avons décidé, Monsieur le Président, de poursuivre le partenariat stratégique, conclu en 1997 entre nos deux pays, et de lui donner une ampleur nouvelle. D’abord, notre première ambition est d’agir ensemble pour la paix dans le monde. C’est ce que nous faisons en Asie, en Afrique, au Proche Orient face à de nouvelles menaces : la prolifération nucléaire, le terrorisme. Nous défendons des principes communs : l’intégrité territoriale, la souveraineté des Etats, l’indépendance nationale. Je remercie la Chine pour le soutien qu’elle a apporté à la France dans son action au Mali. Je salue d’ailleurs la participation, c’est peu connu, de soldats chinois à la force des Nations-Unies pour ramener la sécurité dans ce pays. La Chine appuie également nos efforts humanitaires en Centrafrique, parce que la Chine s’est mobilisée depuis longtemps pour la sécurité et le développement du continent africain.
Notre deuxième ambition, c’est de faire face aux grands enjeux planétaires et d’y répondre, là encore, ensemble. Le G 20 est une enceinte internationale de coordination économique qui, pour nous, peut être un instrument de la régulation des échanges, de la finance et plus largement qui peut permettre une gouvernance économique mondiale. La Chine s’y est investie depuis des années. Je souhaite qu’elle puisse organiser très prochainement un sommet du G 20 sur son sol.
Nous avons aussi, face à l’enjeu du climat, décidé d’y répondre de la même manière. La Chine soutient la France dans la préparation de la Conférence sur le climat qui se tiendra la fin de l’année 2015. Nous n’avons pas le droit d’échouer. La France, comme la Chine, aura à prendre ses responsabilités. Nous avons connu en France, comme en Chine, des pics de pollution, sans doute avec des ampleurs différentes. Nous sommes conscients de ce que le dérèglement du climat peut provoquer dans nos pays respectifs. Nous aurons donc à cœur de faire réussir la Conférence sur le climat.
Enfin, l’ambition que nous portons, dans le cadre du partenariat stratégique, c’est de donner toute sa force à la relation bilatérale entre nos deux pays. L’année dernière, nous avons décidé de donner une ampleur nouvelle à cette relation. La France veut rééquilibrer son commerce extérieur avec la Chine. Il y a de quoi faire puisque c’est un déficit de 26 milliards d’euros que nous sommes obligé de constater depuis plusieurs années. C’est pourquoi, la France a vocation à exporter plus en Chine et à y investir davantage.
Je remercie toutes les personnalités qui s’y emploient, aussi bien sur le plan politique que sur le plan économique. Les résultats sont là : nos coopérations traditionnelles sur le nucléaire civil et sur l’aéronautique se sont renforcées sur ces derniers mois. D’autres projets ont pu aboutir dans des domaines nouveaux : l’agroalimentaire, la santé, le développement urbain, les nouvelles technologies et l’automobile…
Pour l’automobile, un accord historique a été conclu entre PSA PEUGEOT CITROËN et DONGFENG. L’Etat français y a pris également sa part. Ce n’est pas n’importe quel accord, ce n’est pas n’importe quel investissement, ce n’est pas n’importe quel secteur. C’est pourquoi cette relation nouvelle, dans le cadre de ce grand champion industriel à l’échelle internationale, annonce d’autres partenariats. La Chine doit investir en France parce que c’est un marché attractif, parce que c’est aussi un marché qui permet l’accès à l’Europe toute entière.
Il y a également le tourisme. Un million cinq cent mille Chinois visitent la France. C’est beaucoup et, en même temps, c’est trop peu si l’on songe aux un milliard trois cent mille Chinois qui n’ont pas tous encore découvert la France ! A travers ce dîner d’Etat, s’il est bien retransmis partout en Chine, ils auront – j’en suis sûr – envie de suivre les pas du Président chinois et de son épouse !
Nous devons tout faire pour accélérer ces mouvements, les faciliter. C’est la raison pour laquelle, avec le ministère des Affaires étrangères, nous avons fait en sorte que les visas puissent être accordés dans des délais plus courts. Comment comprendre que des Chinois qui veulent venir en France, qu’ils soient chefs d’entreprise, étudiants, chercheurs ou touristes ne puissent pas le faire de manière simple ?
La France et la Chine, je le rappelais, sont deux grands pays, de taille différente, de population différente. Mais elles ont un point commun parmi d’autres : la culture. Vous-même, Monsieur le Président, vous connaissez très bien notre pays. Je pensais vous faire découvrir Versailles… J’ai compris que vous étiez déjà venu, il y a plusieurs années. Vous, Madame, vous êtes passionnée par les arts. Et chacun le sait, vous serez sensible à l’exposition du musée Guimet qui permettra aux Français de découvrir les trésors de la dynastie des Han. Parallèlement, vous savez que les chefs d’œuvre de l’impressionnisme français seront exposés en Chine.
Nous sommes attachés à la création, à l’expression, à l’émancipation, à travers la libre circulation des personnes et des idées qui constituent le socle des droits de l’Homme auxquels la France est attachée. Mais rien ne peut se faire sans la connaissance de nos langues respectives. 50 000 jeunes Français apprennent le chinois, 100 000 Chinois étudient la langue française. Là encore, nous pouvons faire davantage. Et nous devrons donner un nouvel élan à la coopération linguistique. La francophonie n’a rien à craindre. Au contraire, elle peut, en Chine, trouver une force d’expression considérable. La France accueille 35 000 étudiants chinois. Avec le Premier ministre et le gouvernement, nous faisons en sorte qu’il y ait davantage de jeunes Français qui aillent étudier en Chine et de jeunes Chinois qui viennent ici partager leur connaissance.
Monsieur le Président, Madame, il y a cinquante ans, le Général de GAULLE en avait ainsi décidé : la France et la Chine reprenaient le fil d’une conversation qui s’était interrompue et qui pourtant n’avait jamais cessé, siècle après siècle, comme une compréhension de nos civilisations respectives.
Aujourd’hui, c’est une nouvelle page que nous devons écrire. Elle est scientifique, elle est économique, elle est culturelle. La Chine et la France font le choix de l’ouverture. Nous faisons le choix de la compétition. Nous faisons le choix d’un développement durable et harmonieux. C’est tout le sens que nous devons donner à l’amitié entre la France et la Chine, qui reste une promesse, une espérance, mais aussi par bonheur, grâce à vous, une réalité.
Je lève mon verre à cette amitié entre la France et la Chine qui trouve ici sa plus belle traduction. Merci.