Compte-rendu de la rencontre « RéseauxChine » du 16 février 2015

Compte-rendu de la rencontre « RéseauxChine » du 16 février 2015

Après la clôture solennelle du cinquantième anniversaire des relations diplomatiques franco-chinoises, RéseauxChine a organisé, le 16 février, sa première rencontre de l’année 2015 intitulée  :

« La relation franco-chinoise : histoire, réalités et perspectives ».

 

A l’occasion de cette rencontre, deux grands témoins ont parlé des relations franco-chinoises à travers leurs ouvrages respectifs. Jacques DUMASY, ancien Conseiller économique à l’Ambassade de France à Beijing et Consul général à Chengdu a présenté son livre paru en janvier 2014 : La France et la Chine (1248-2014) de la méconnaissance à la reconnaissance. Frédéric BERAHA, ancien conseiller culturel à l’Ambassade de France en Chine a introduit également son ouvrage : Apprendre la Chine et s’y orienter publié en 2012.

La soirée a attiré plus de soixante-dix participants et a été animée par Madame Xiaoqing PELLEMELE, Secrétaire générale du Comité Echange franco-chinois.

 

« Mieux connaître l’histoire et la culture de l’autre est une nécessité et un gage de respect mutuel pour l’avenir » (Jacques DUMASY)

 

La relation historique entre la Chine et la France ne voit le jour qu’au XIIIe siècle. Pendant huit siècles rapprochements et éloignements se succéderont et révéleront de grandes ambitions, parfois de sévères affrontements, mais sans jamais rompre les liens. Aujourd’hui les destins sont liés, économiquement comme politiquement. Jacques DUMASY a ensuite fait part de son point de vue sur la coopération franco-chinoise actuelle :

  • Cette relation s’est équilibrée aujourd’hui grâce au respect mutuel.
  • La Chine et la France défendent chacune leurs intérêts. Il faut essayer de trouver ensemble un terrain de convergence pour une bonne compréhension des besoins de l’autre.
  • S’il y a un manque de confiance, c’est parce qu’il y a un manque de connaissance réciproque.
  • La France est face à un interlocuteur qui est différent d’elle, qui a des valeurs, des structures de pouvoirs et des formes d’organisation économique différentes. Le but est de voir comment travailler avec ces convergences.
  • La démocratie asiatique n’est pas la même qu’en Occident. Pour l’accepter, il faut la connaître.
  • Les Chinois ont fait de très gros efforts pour s’adapter au monde. Les responsables du côté français doivent accepter cette diversité des cultures et de modes de décision.
  • Il existe déjà une action de l’Etat français qui pousse les entreprises françaises à s’installer sur le marché chinois.
  • L’intérêt européen est de donner une place particulière à la Chine dans l’équilibre mondial. La nécessité d’avoir une politique multipolaire demeure fondamentale et la politique traditionnelle française est en faveur de cette multi-polarisation.

 

« Il faut apprendre avant d’arriver à comprendre » (Frédéric BERAHA)

 

Frédéric BERAHA nous a proposé un éclairage sur le mode de pensée chinoise. Selon lui, dans les pratiques quotidiennes des deux pays, il existe toujours des spécificités difficiles à appréhender. Vouloir s’implanter en Chine, c’est accepter de comprendre l’autre dans son ensemble, et donc d’accepter de remettre en question ses propres certitudes. Pour se préparer à affronter une multiplication des échanges, il faut faire plus qu’essayer de la comprendre : il faut accepter d’apprendre.

  • La France est un pays qui compte en Europe. Ce que les Chinois attendent de la France est qu’elle pousse l’Europe à avoir une politique d’ouverture envers la Chine.
  • La Chine n’est pas une puissance impérialiste. Ce qu’elle veut, c’est s’intégrer à la mondialisation.
  • Le gouvernement français doit accompagner ses entreprises en Chine.
  • Les Occidentaux attendent qu’on leur donne des livres, des théories. Au contraire, il faut aller à la découverte de l’autre. La seule façon de supprimer la méfiance, c’est d’objectiver quelles sont les opportunités et quelles sont les menaces.
  • Il faut être flexible pour faire des business avec les Chinois. Il faut simplifier le processus et avoir plus de spontanéité.
  • La présence des jeunes dans chacun de pays peut être améliorée pour dynamiser les relations franco-chinoises.

 

 

Les échanges ont été animés et conviviaux entre les auteurs et les participants. Comme d’habitude, nos participants ont exprimé leurs points de vue :

  • Les Français ont une approche trop théorique du monde des affaires en Chine qui manque d’actions concrètes.
  • On peut faire une comparaison entre la civilisation française et chinoise en comparant l’exemple de leur médecine : les deux pays ont de différents angles de vue, les Français traitent l’endroit douloureux, tandis que les Chinois agissent pour harmoniser la circulation des énergies dans le corps.
  • La Chine pense « harmonie », la France « confrontation » : deux modes de pensée opposés. Les Chinois fuient la confrontation de peur de briser l’harmonie.
  • Les échanges universitaires doivent être intensifiés. En associant des jeunes formés dans les deux pays, on peut espérer changer le monde.
  • Il y a un gros travail à faire sur les coopérations franco-chinoises. Les méthodes de travail doivent être améliorées.